Chez Bergeville, nous ne faisons pas de la biodynamie une religion ou une règle stricte à suivre. Nous privilégions le bon sens agronomique, le ressenti et l’équilibre de l’équipe avant tout. La biodynamie est pensée comme un outil supplémentaire pour renforcer naturellement et durablement notre sol, nos vignes et notre environnement de travail. La vigne n’est pas un facteur de production, mais un organisme vivant que l’on peut transformer de l’intérieur. La biodiversité naturelle n’est pas un facteur de nuisance (concurrence, parasites…), mais un biotope diversifié qui permet des échanges avec les vignes.
Mais quelles sont les pratiques que nous empruntons à la biodynamie pour tenter d’arriver à cet équilibre ?
Tout d’abord, au printemps, nous épandons un compost biodynamique d’une fromagerie de Martinville dans les rangs de vigne. Ce compost est inoculé avec six préparations à base de plantes médicinales fermentées, c’est-à-dire que ces six préparations sont introduites dans le compost à dose infinitésimale. Elles agissent comme un levain en dirigeant le processus de fermentation du compost pour obtenir le meilleur humus possible. À l’inverse des fertilisants chimiques qui ont un effet immédiat et ponctuel, leur effet est davantage structurel et durable. Le compost épandu sur le sol permet ainsi de nourrir le sol avec un humus de qualité et de rendre ses éléments nutritifs plus assimilables aux vignes. Que de bonheur pour nos sols !
Au-delà du compost, nous essayons de travailler avec ces plantes médicinales sous forme de préparations pulvérisées sur nos vignes. L’objectif étant encore une fois de renforcer le système immunitaire de nos vignes, afin d’être moins sensibles aux aléas climatiques, aux déséquilibres et aux ravageurs. On diminue ainsi du même coup nos traitements à base de cuivre.
Par exemple, l’ortie est une plante qui organise, qui rythme la croissance des plantes et qui, combinée à la prêle des champs, peut jouer un rôle dans la régulation du mildiou (la maladie la plus présente sur le vignoble, surtout en ce début d’été frais et humide !). L’écorce de chêne a également un fonction régulatrice des maladies fongiques : le calcium contenu dans son écorce retient les excès de croissance et prévient donc la propagation des maladies. De son côté, le pissenlit est associé à la lumière (c’est pour cela qu’il pousse souvent sur des sols compacts : il vient reconnecter la terre à la lumière !). Il aurait également un rôle sur le renforcement des tissus végétaux, des jeunes pousses aux baies des grappes de raisins. La valériane aurait un effet réchauffant : on pourrait par exemple penser à pulvériser une préparation de valériane avant un gel printanier, en complément de l’action de notre tour à vent.
L’achillée millefeuille est une plante vivace qui pousse en général, telle une seconde peau, sur des sols tassés, secs et chauds. Elle a donc des vertus rafraîchissantes, et semble aussi avoir un impact sur la qualité de la floraison. Enfin, la camomille accroîtrait l’action du cuivre sur les maladies fongiques et favoriserait la formation des sucres dans les raisins ! Au-delà de ces six plantes, d’autres plantes secondaires paraissent avoir leur place dans le vignoble. Nous avons par exemple pulvérisé une tisane de feuilles de consoude en juin, une plante qui aurait une action sur la mobilisation d’un oligo-élément crucial pour la bonne floraison et nouaison de la vigne, le bore.
Encore une fois, nous utilisons ces plantes non pas comme une recette rigide, mais comme une boîte à outils en fonction des besoins de nos vignes, de notre sol, et des aléas climatiques de la saison. Rien de tel donc que d’avoir les pieds dans nos vignes pour observer, essayer, s’adapter, recommencer !