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Taille antigel

L’hiver influence nos pratiques culturales. Et ainsi en est-il du printemps. Le gel printanier est devenu au fil des ans l’un de nos plus gros défis.

Avant même de semer la première vigne, nous savions que le gel tardif représenterait une menace. Les données météorologiques étaient claires : plus ou moins un gel en mai aux 7 ans.

En 2010, un premier gel retentit un an après la plantation. Les dommages sont négligeables puisque les vignes ne produisent pas encore de raisins. On reste optimistes : nous sommes statistiquement en paix pour les 7 prochaines années. Puis, des gels surviennent à nouveau en 2014 et en 2015. Ceux-là se révèleront beaucoup plus ravageurs.

Après être passés à deux doigts de tout laisser tomber, on se retrousse les manches et on investit finalement dans une tour à vent à l’automne 2015. L’achat est rapidement rentabilisé puisqu’on gèle de nouveau aux printemps 2016, 2017, 2018, 2019, 2020 et 2021.

Expérimentation en taille haute

Le seuil critique pour la vigne se situe autour de -2 °C et -4 °C. En brassant l’air, la tour à vent déloge les masses d’air froides stagnantes au sol et élève la température de 2 °C près de la zone fructifère — un gain substantiel pour les jeunes bourgeons encore très vulnérables à ce stade. Sous la protection de la tour à vent et des feux, le vignoble n’a plus connu de gel majeur depuis 2015.

Bien qu’elle couvre l’essentiel de nos parcelles, quelques vignes situées en dehors de son rayon d’influence continuent de subir durement les contrecoups du gel année après année. C’est pourquoi on fait l’essai d’une taille différente cette année. En élevant les cordons des frontenac blanc, gris et noir à 5 pieds du sol (plutôt que 3 pieds), on éloigne les bourgeons fructifères de la masse d’air froide critique au sol.

Cette solution comporte toutefois un revers potentiel non négligeable en saison hivernale. La conduite plus haute nous empêchera de couvrir les vignes de toiles géotextiles. Elles risqueraient donc de souffrir davantage des aléas de l’hiver. La différence des rendements entre nos rangs témoins et expérimentaux nous éclairera sur la question. Néanmoins, nous pouvons déjà tirer un résultat positif de cette expérience : le travail de la vigne à cette hauteur est plus agréable, surtout pour les plus grands d’entre nous ! 

À suivre !